Histoire: Aperçu historique des Gisira du Gabon

Publié le par koumba.manonga.over-blog.com

 Les Gisira  sont une ethnie bantoue du centre sud et du sud-ouest du Gabon.

D'où vient le terme Eshira?  Et si c'était un anglicisme? L'ypothèse la plus crédible est qu'il viendrait des voisins des Gisira  au temps des explorateurs et des missionnires anglo-américains,renseignés le plus souvent par  les Myènè du bassin de l'Ogooué et surtout ceux de la Côte, notamment les Nkomi de la lagune du Fernan-Vaz.. Pour s'en convaincre ,traduisons les termes;  langue, pays, habitant, peuple ou groupe ethnique en relation avec le terme Gisira.

On dira:

- La langue Gisira

-Le pays Gisira

-Le groupe ethnique Gisira

- Un seul habitant Gi-sira( Gi- sira au singulier, gi- est un préfixe nominal singulier en langues bantoues.)

-  Plusieurs habitants Bi-sira ( sous-entendu  les habitants du pays Gisira, Bi- étant le préfixe nominal pluriel bantou et qui correspondrait à l'expression myènè " mongi sira").


 

Pourquoi Gisira et non Eshira? Cette question mérite d'être posée car elle va nous permettre de clarifier certaines zones d'ombre. En effet, le terme exact est Gisira. Tout semble partir de l'exploration du pays Gisira par les missionnaires français de la mission catholique du Fernan-Vaz, établie en1887 par les R.P. Bichet et Buléon, lesquels ont  d'abord exploré le pays Gisira avant de bâtir la mission Sainte Croix dite des Eshiras en septembre1895. D'ailleurs le R.P.Buléon va même publier un livre en 1894 intitulé, "Au pays des Eshiras". Depuis lors, les articles et les manuels d'Histoire  vont toujours  nous préféré le terme Eshira et non Gisira comme le disent eux-mêmes les Gisira.

L'exlication se trouve sans doute dans ce proverbe Gisira qui dit que" Tant que les éléphants n'auront pas leurs propres historiens, les histoires de chasse tourneront toujours à la gloire des chasseurs"

Ceci est dû au manque de connaissances scientifiques. La réalité est que le mot Eshira est une transcription erronée des missionnaires( R.P. Buléon et R.P. Bichet), suivis des cartographes et administrateurs français qui ont  mal transcrit le groupe nominal anglais " a Shira "qui signifie  en français " un Shira". Encore une fois, les anglais aurait rajouté cette lettre" H" en traduisant "mongi sira". L'article indéfini "a " se prononçant comme la lettre française " e", le lien est vite fait, pour qu'un francophone interprète "E-shira". Aujourd'hui, la liguistique a tranché. Dans les classifications des langues bantoues du Gabon,lesquelles appartiennent à la famille nigéro-congolaises,il n'existe pas de groupe "Shira mais" Sira", lequel se déclinait depuis 1936 en quatre variantes dialectales:

-sira kamba  avec pour chef de canton Makongu

-sira tandu avec pour chef de canton Mounombi Poaty

-sira ngosi  ou de Tandu dubigi (  le  ngosi étant un terme impropre car ngosi n'est pas un territoire mais une personne,c'est le  du nom du chef de canton Ngosi Gitsola) 

-sira du Fernan-Vaz ou de Dubanga

 Revenons maintenant  au contexte de l'époque des explorateurs européens visitant les populations autochtones du Gabon.

Le premier explorateur européen qui a remonté l'Ogooué est Thomas Bodwich, un anglais. C'est lui qui visita  le Moyen Ogooué en 1815. Lorsqu'il publie en 1819, " Voyages dans le pays Aschantie" où il décrit les Myènè du bassin de l'Ogooué, il mentionne également les Gisira.

 

Le deuxième voyageur qui a mentionné les Gisira dans son ouvrage "Voyages et aventures dans l'Afrique Equatoriale" est l'américain d'origine française, Paul Belloni Du Chaillu en 1852.Cet explorateur et naturaliste américain a été le premier à aller à la rencontre des populations de l'hinterland dont les Gisira comme formant un groupe socialement,  économiquement et politiquement bien organisé. Ainsi, nous pouvons affirmer qu'en dehors des négriers et des commerçants, Du Chaillu est celui qui a réellement étudié au cours de ses longs voyages, le privilège de faire des explorations en pays Gisira.

En 1936, l'Abbé André  Raponda Walker écrit au sujet de Du Chaillu, qu' "après un séjour assez prolongé chez les Orungu et les Nkomi, il arriva chez les Gisira  vers1860...C'est lui qui baptisa les  fameuses chutes de Fougamou du nom  des chutes de l'Impératrice Eugénie", l'épouse de Napoleon III, empereur de France.

 

Un troisième européen qui a connu les Gisira est le britannique Robert Bruce Walker, père de Monseigneur  Raponda Walker, qui en 1873, ouvrit la première maison de commerce anglaise à Lambarené.

L'arrivée des missionnaires américains( les Révérends pasteurs Wilson,William Walker, Ira Preston , Dr Nassau, Dr Backeler, Reading, A.C.Cook, et Ernest Haug ) à Lambarené en particulier,  et en général, dans les provinces de l'Estuaire et du Moyen-Ogooué pour l'implantation des missions évangéliques et l'évangélisation des populations du bassin de l'Ogooué,  n'a fait qu'accroître l'influence anglo-américaine chez les Gisira. On comprend pourquoi la langue Gisira est remplie d'emprunts lexicaux anglais.Exemple:

bwatu (pirogue) pour boat

tulu ( towel) pour serviette de bain

gilasi ( verre) pour glass

muresi (riz) pour rice

baleti (belt) pour belt, etc........

 

 

 

L'apprentissage de la langue Gisira, est-ce encore possible de nos jours ??

Sans plonger dans les profondeurs des rhétoriques et débats des linguistes et universitaires, spécialistes de la linguistique des langues africaines, et notamment des langues Bantoues d'Afrique un petit peu, au nord et au Sud de l'Equateur.Ainsi, je vais commencer par un petit rappel utile, sur les classifications des langues africaines. Il existe désormais un département des langues nationales au sein de notre université nationale, UOB, à Libreville, avec son Labo, le GRELACO.

A ce département, nous pouvons ajouter toutes les fondations privées, comme celle de Mgr Raponda Walker. et pas que..

On peut classer les langues africaines en 4 grandes familles , voire 5. Parmi celles-ci,une cinquantaine seulement sont parlées par plus d'un million de locuteurs.

1.  Les langues Khoïsan: Elles sont parlées en Afrique australe, notamment par les Bochimans et les Khoï Khoï;

2.  Les langues Nilo-Sahariennes: Elles sont parlées en Afrique sub-saharienne, notamment au Tchad, Soudan, Niger,Nord-Cameroun,RCA, Ghana, Kenya,  Ethiopie, Tanzanie,.Il faut aussi ajouter, le Massaï, les langues nilotiques, nubiennes,  et Songhaï;

3.  Les langues Nigéro-Congolaises: Le groupe prinicipal est le groupe Bantoide. On retrouve également, le groupe Gur/ voltaïque,le groupe Kwa, le groupe Mandé, ou encore, celui des langues ouest-atlantiques. Le groupe Bantou, qui constitue la plus importante famille, comprend également, le Swahili,le Zulu, le lingala, et bien d'autres;

4.  Les langues afro-asiatiques, anciennement appelées, les langues chamito-sémitiques: Ce sont, l'Egyptien ancien,les langues berbères, couchitiques, et omotiques. Elles sont aussi parlées au Proche et Moyen-Orient;

5. Les langues Austro-Nésiennes: Elles sont parlées en Afrique insulaire orientale, notamment dans les îles de Madagascar, la Réunion et Mayotte.

Ce décor étant planté, revenons, à l'objet de notre petite préoccupation, l'apprentissage  de la langue Gisira. Et répondre par oui ou non, si on peut encore l'enseigner de nos jours. La réponse est oui, et voici pourquoi.

Cette langue a fait autorité pendant l'évangélisation et l'implantation des missions catholiques et protestantes au Centre et au Sud du Gabon avec son cathéchisme écrite en Gisira.

Notamment, les missions catholiques :

- Ste Anne d' Odimba du Fernan-Vaz, en pays Nkomi (1887);

-Ste Croix des Eschira de Mandji-Ndolou( 1895);

-ND des Trois-Epis de l'Equateur de Sindara  en pays Tsogho(1899);

- St Martin des Apindji près de Mouila (1900 ).

 

 

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M
Vraiment diboti ooh muaye!! Ca me fait plaisir de lire notre histoire surtout ghu kièlu proverbe diboti di néni ooh muaye
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M
vraiment merci sa nous aide à nous informés sur notre ethnie
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A
Tath Koumbh, mbuluha! Nya gulu mugangu hu gu labh dilongu diami gu ninzu. Dibothi di nénhi!<br /> Nia ku vé mul hu Niambhi!<br /> <br /> Ka vanh!
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K
Diboti di néni tate Mboumbe. Gisira sa difube di tsié ditambi , mba tate ? Ka pembi ne polu !